Je parle ici d’éducation et de rééducation de nos chiens, je ne parle pas d’entraînement aux soins coopératifs, où pour certains chiens, apprendre certaines positions peut s’avérer moins stressant et plus pratique.
La communication
Les positions “assis”, “coucher”, “pas bouger /statique” font partie du riche panel de communication des chiens. Un chien qui choisit de s’assoir, ou se coucher, le fera TOUJOURS pour une raison. Cela SIGNIFIE quelque chose. Si nous interférons dans leur langage, il est risqué, et fort probable, que nous fassions des erreurs. Nous ne sommes pas des chiens, et même avec une grande connaissance sur leur façon de communiquer, nous resterons de grands novices si nous souhaitons parler à leur place.
Imaginez, vous voyagez en Chine. Vous rencontrez un chinois qui vous apprend une phrase en chinois, et vous dit de la dire à chaque fois que vous croisez quelqu’un. Le chinois est un bon exemple, car un même mot avec des intonations différentes ne veut pas dire la même chose. C’est une langue complexe. Vous n’avez donc aucune idée de ce que la phrase veut dire, et vous n’êtes pas sûr de comment la prononcer. Vous ne trouvez pas cela risqué ? Vous pourriez importuner quelqu’un avec cette phrase, ou vous ne vous feriez sûrement pas comprendre… A quoi bon continuer ?
S’immiscer dans le langage canin est exactement la même chose, c’est jouer avec une communication que l’on ne maîtrise pas. C’est imposer à notre chien de dire quelque chose, à un chien, un humain, alors qu’il n’a sûrement pas envie de dire cela. C’est parler à la place de notre chien, mais en chinois. Bref, que du brouillon, de l’incertitude et du risque.
Les zones de confort
Demander à notre chien de s’immobiliser, en assis ou coucher, lors d’un croisement (chien, humain, voitures…), c’est ne pas respecter sa zone de confort. La zone de confort, c’est là où votre chien se sent en sécurité. C’est la distance avec le stimuli qui est nécessaire pour que votre chien soit encore capable d’observer, d’analyser, se rassurer.
Demander un “assis/pas bouger” lors d’un croisement, c’est prendre le risque que votre chien se retrouve en zone rouge. C’est-à-dire une zone où la distance avec le stimuli est tellement réduite, que votre chien est en inconfort. Dans cette zone, il apprend le stress, la panique peut-être, alors que tout ce qu’il voudrait, c’est retourner dans sa zone de confort.
On le force donc à subir un stress, alors qu’il pourrait tout à fait être capable de gérer certains croisements de façon plus saine, rassurante, et cohérente.
Ne nous éloignons-nous pas des choses qui nous font peur ? Pourquoi ne pas laisser nos chiens faire de même ?
Le conditionnement
J’aime apprendre l’autonomie chez nos chiens. J’aime leur apprendre à réfléchir, et je pense sincèrement qu’ils sont capables de grandes choses, encore faut-il leur en laisser l’opportunité.
Un “assis/pas bouger” c’est être dans le contrôle, c’est dire à notre chien “peu m’importe ce que tu penses/ressens, je veux que tu fasses ça”. A faire trop de contrôle, nous limitons nos chiens dans leur réflexion, ils s’habituent à ce qu’on prenne des décisions (les concernant) à leur place. Ils perdent l’habitude de faire des choix et se reposent sur nous.
Pourtant, leur apprendre à réfléchir, prendre des décisions, se tromper aussi, c’est leur donner le pouvoir de l’autonomie. Et ça, c’est pour toute leur vie.
Un chien qui sera autonome, à qui on aura appris à faire les bons choix, c’est un chien plus libre, plus épanoui, qui développera sa personnalité et ses capacités.